Appel à Projet Réinventer Paris 2 – Site des Invalides
Adresse : rue Paul et Jean Lerolle - 75007 Paris
Investisseur /Maître d’Ouvrage : APSYS
UN STUDIO & PKA architectes de Conception – Bureau Bas Smets Paysage
RF Studio – VIZEA – Nova Consulting – Alter & Go – APPC – ARC - EPPC
Aire du Projet SPL ± 18 000 m2 – Surface Développée ± 10 000 m2 – Extérieurs ±16 300 m2
Estimation budgétaire 30 M€HT
Appel à Projet mars 2018 
Savourer Paris
Notre première vision est un paysage qui dépasse le périmètre de l’appel à projet : il profite d’une orientation et d’une situation exceptionnelle, point de départ d’un bouleversement des développements classiques d’agriculture et d’horticulture urbaine.  
Une prairie qui évoque, au fil des saisons, un savoir-faire séculaire, notamment en matière d’exploitation des richesses des fleurs : la couleur, le gout, le parfum.
Si l’esplanade des invalides est devenue un lieu d’apparat sans usage, nous la déclarons « paysage » et en faisons le point de départ d’une invitation à savourer Paris dans un esprit de renouvèlement, qui augmente, au fil des saisons, une conception contemporaine de la ville, il s’agit : 
 / de donner à voir la réalité de la production, au cœur de Paris, de fleurs, de légumes et d’aromatique d’exception en profitant de leurs particularités spécifiques pour organiser une rotation des cultures qui se traduise par des performances graphiques permanentes – l’esplanade jaune – l’esplanade violette – l’esplanade rouge – l’esplanade blanche – ; 
 / de servir un récit de mise en scène de « la ville contemporaine comme un lieu de mouvement ».
Retrouver Paris 
Les espaces sous dalle, les sous-sols, le périmètre de l’appel à projet nous l’abordons à partir de son histoire : la gare des Invalides, un faisceau ferroviaire couvert percé de 6 patios implantés de part et d’autre de l’avenue Gallieni, pour laisser s’échapper les fumées des locomotives.  Autour de ces 6 patios côté ouest un jardin destiné aux arbustes d’ornement ; à l’ouest, un jardin destiné aux fleurs.
Les volumes espaces sont devenus « servants » et il s’agit de refermer définitivement une parenthèse de l’histoire du site qui est d’abord un lieu d’échange : les départs et les arrivées ; un lieu habité par l’homme.
De 1854 à 2016, les belvédères sont les lieux parisiens par excellence de l’expression du « génie », de la représentation du savoir-faire et de l’exploration des technologies de demain, nous entendons établir une continuité historique forte de l’iconique Pavillon de l’air de l’exposition de 1937 au site des Jeux Olympiques de 2024.  Il s’agit de remettre en activité ces espaces au travers d’une programmation artistique et technique supportée par le porteur de projet et ses partenaires et logée dans un système constructif qui admette des volumétries protéiformes à partir d’une structure et d’une enveloppe réutilisable.
Mettre en Lumière 
Le moteur de la reconquête des volumes est la lumière, directe, indirecte, intime : les espaces sous dalle sont traités comme des espaces urbains, accessibles à tous, nous créons une continuité piétonne de la rue Esnault-Pelterie à la rue Faber dont le niveau est la rue Paul et Jean Lerolle : cette reconnexion des deux rives du VIIème tient de l’évidence et répond à un vœu formulé dès 1720, toujours d’actualité…
Il existe une séquence paysagère figée, implantée du Nord au Sud à partir du fleuve : le projet est le point de départ de son augmentation dans le temps ; nous créons une séquence urbaine implantée qui se glisse d’est en ouest au gré des apports de lumière naturelle.
La lumière guide la mutation du site.  Elle se traduit dans trois types d’interventions :
 / Les espaces en lumière du jour indirecte : des couches perforées diffusent la lumière dans l’espace pour générer des ambiances différentes ;
 / Les vides thématisés font entrer la lumière du jour dans l’espace souterrain aussi bien que les personnes. Des escaliers monumentaux y accèdent, supports ponctuels de scénographies évènementielles. 
 / Des espaces sans lumière du jour : des matériaux réfléchissants et auto-éclairants, des éclairages zénithaux artificiels sont proposés en tant qu’éléments constitutifs de l’espace. 
Interroger Réparer Investir
Géologiquement, historiquement, les volumes sous dalle sont le fleuve (1910), réinventer ces espaces, y créer de nouveaux usages pose donc la question du rapport au fleuve : le projet ambitionne de s’afficher comme une vitrine technologique de la mutation de la ville face aux enjeux du changement climatique en proposant de construire pour partie des bâtiments flottants qui s’affranchissent des contraintes du PPRI pour exploiter en continu un lieu d’échange, un lieu urbain, la ville contemporaine parisienne.
En l’absence de connexion directe au fleuve et sans possibilité volumétrique de rentrer dans les standards de la logistique moderne, nous excluons d’emblée une « innovation » qui consisterai à créer un lieu de connexion entre camions et camionnettes, un lieu de nouveau servant, un lieu caché à l’existence duquel sous-tendrais la persistance de modèles de pollution passive. C’est donc à partir d’une vision autant économique, environnementale que sociétale que nous abordons la mutation de la rue Paul et Jean Lerolle comme un manifeste.
En plaçant notre intervention comme un point de départde la constitution de la ville nous considérons que notre rôle est d’abord de prendre soin d’un sol forcément pollué de par ses destinations passées.  
Peu importe finalement la durée de notre activité sur le site, il faut rendre le sous-sol exploitable et nous allons démarrer une dépollution progressive du site en expérimentant des procédés de phyto-stabilisation qui partent des contraintes du site : pas ou peu de lumière.  
Ces expérimentations grandeur nature s’intègrent dans notre volonté d’attirer sur le site des porteurs de projet et /ou des acteurs concernés par l’innovation.  La contrainte du site devient un atout pour ces partenaires investisseurs qui ont l’occasion de s’implanter dans un lieu où les choses se font autant qu’elles se pensent.  
Nous défendons l’idée qu’un projet urbain économiquement viable se traduit dans une production de sens qui ne trouve son intérêt que dans la durée : il s’agit ici pour nous de proposer une notion de « bienveillance urbaine » qui n’attend pas autre chose que d’investir dans un avenir commun.  Mettre en valeur notre sol, c’est nous mettre en valeur collectivement.
Dans un deuxième temps, l’exploitation du site va permettre de réfléchir à la façon de valoriser immédiatement les déchets pour mettre en place une phytoremédiation progressive des sols.
Le marché, le salon, le boulevard
Nous avons travaillé sur 3 scénarios de programmation autour d’un principe simple : créer un lieu de destination du quartier, avant tout parisien qui mette en scène une capacité de la ville à dépasser un passé figé et à ancrer son attractivité dans un présent qui laisse la place à l’évolution.
Nous situons cette « jouissance collective » autour de 3 usages typiquement parisiens : le marché, le salon, le boulevard.
Ces 3 piliers prennent la forme d’une programmation précise qui propose des relais aussi bien à l’échelle de « l’archipel métropolitain » qu’à l’échelle de l’implantation du lieu (à 7 minutes du Palais de l’Élysée, deux minutes de l’Assemblée Nationale, moins de cinq minutes de 4 ministères et une quinzaine de consultats ou centre culturels).
Le marché c’est la production agricole sur le site des Invalides avant et après la construction de l’hôtel ; c’est l’exposition universelle de 1909 puis des arts décoratifs de 1925 :
Aujourd’hui c’est la halle gourmande, y cohabitent les bancs des maraîchers d’Ile de France, la production locale du site, et une offre de restauration renouvelée qui mêle la table étoilée, le café comptoir et la table d’hôte.
Le salon c’est l’exposition de l’industrie en 1806, l’exposition aéronautique de 1809, l’exposition des arts décoratifs de 1925 :
Aujourd’hui c’est le centre de conférence, des amphithéâtres, des salles polyvalentes et des espaces partagés qui s’appuient sur l’idée qu’au-delà du co-working et du télétravail, penser, vivre l’émancipation passe par des usages privés, institutionnels, intimes d’un même lieu : on travaille parfois, on vient voir une conférence, on vient jouer de la musique, etc, etc…
Le Boulevard c’est le lieu de l’émerveillement avec les l’exposition des « savoirs faire français » en 1900 puis le pavillon de l’air de 1937 ; nous le relions à l’image du Paris des théâtres, du spectacle et du partage : 
Aujourd’hui c’est la vitrine du lieu, elle accueille les porteurs de projets qui développent leurs activités dans le marché, ceux qui souhaitent s’arrêter quelques mois ou quelques années sur place pour exposer leurs idées, leurs savoirs faire et recruter des talents. Enfin le boulevard est aussi le lieu de convergence des activités sociaux éducatives et sportives du quartier.